Publié le : 07/03/2025 à 18:04 ---
Hydro-Québec, fleuron de l'énergie au Québec, se retrouve au cœur d'une double polémique impliquant une hausse des tarifs d'électricité et l'augmentation des salaires de ses hauts dirigeants. Ces développements soulèvent des questions sur l'équité et la gestion financière de l'entreprise publique, d'autant plus que la société d'État affiche des profits positifs depuis deux décennies.
La Régie de l'énergie a récemment annoncé une hausse des tarifs résidentiels d'Hydro-Québec de 3,6% à compter du 1er avril 2025. Cette décision a provoqué une vive réaction du premier ministre François Legault, qui s'y est fermement opposé.
"Il n'en est pas question. Tant que je serai premier ministre, les tarifs résidentiels n'augmenteront pas de plus de 3% par année."
Le gouvernement envisage maintenant d'intervenir législativement pour limiter cette hausse.
Cette situation s'inscrit dans un contexte complexe. En 2019, une loi indexant les tarifs d'électricité à l'inflation a été adoptée, visant une hausse moyenne de 2% par an. Cependant, la pandémie et l'inflation élevée ont perturbé cet équilibre, forçant le gouvernement à plafonner les hausses à 3% en 2022. Le mécanisme de rééquilibrage prévu après cinq ans a conduit la Régie à imposer une hausse de 3,6% cette année.
Parallèlement, la rémunération des hauts dirigeants d'Hydro-Québec a augmenté de 8,9% en 2024, suscitant des interrogations sur l'équité salariale au sein de l'entreprise. Par exemple, Michael Sabia, PDG, a touché près de 840 000$ en 2024.
Les employés d'Hydro-Québec ont reçu une augmentation salariale moyenne de 3,5% en 2023. L'entreprise a versé près de 36,9 millions $ en bonis à ses employés en 2023, soit 21% de plus qu'en 2022. Les consommateurs québécois font face à des hausses tarifaires importantes, avec une augmentation de 3% pour les tarifs résidentiels et jusqu'à 5,1% pour certaines entreprises depuis le printemps 2024.
Voici un tableau présentant le profit net d'Hydro-Québec de 2000 à 2024 :
|
Année |
Profit net (en millions de dollars canadiens) |
|
2000 |
1 000 |
|
2001 |
1 108 |
|
2002 |
1 526 |
|
2003 |
1 931 |
|
2004 |
1 664 |
|
2005 |
2 500 |
|
2006 |
3 600 |
|
2007 |
2 900 |
|
2008 |
3 141 |
|
2009 |
3 035 |
|
2010 |
2 515 |
|
2011 |
2 611 |
|
2012 |
2 700 |
|
2013 |
2 940 |
|
2014 |
3 380 |
|
2015 |
3 100 |
|
2016 |
2 800 |
|
2017 |
2 846 |
|
2018 |
3 192 |
|
2019 |
2 923 |
|
2020 |
2 303 |
|
2021 |
3 564 |
|
2022 |
2 600 |
|
2023 |
3 200 |
|
2024 |
2 663 |
Cependant, il est important de noter qu'Hydro-Québec affiche des profits positifs depuis deux décennies. Cette situation soulève des questions quant à la nécessité de continuer à augmenter les tarifs. De nombreux observateurs estiment que le gouvernement doit intervenir de manière plus décisive pour mettre fin à ces hausses répétées, arguant que la santé financière de l'entreprise ne justifie pas de telles augmentations.
La controverse entourant Hydro-Québec met en lumière les défis de concilier une gestion financière saine, des salaires normaux pour les dirigeants, et des tarifs abordables pour les consommateurs. Le gouvernement Legault se trouve face à un dilemme : respecter sa promesse de limiter les hausses tarifaires tout en assurant la viabilité économique de la société d'État. Les prochaines semaines seront cruciales pour voir comment ces enjeux seront résolus, avec une attention particulière portée sur l'intervention législative annoncée par le premier ministre.
PARTAGER